Pour bien comprendre comment un chien perçoit son environnement, il convient d’avoir en tête que le chien vit naturellement en groupe, en meute, et que pour se faire, il a besoin de communiquer avec ses congénères. L’organisation sociale qui régit le groupe suit une logique de hiérarchie comme chez le loup, avec un couple alpha (les dominants), un couple béta (les sous-dominants) et les individus oméga (les plus dominés).
S’inscrivent dans la hiérarchie les individus pubères (les adultes). Les chiots sont progressivement éduqués par les individus du groupe, mais la tolérance est grande s’ils ne respectent pas les prérogatives des dominants.
Il semble que dans la nature, les groupes de chiens vivant à l’état sauvage n’excèdent pas une dizaine d’individus (comme chez les loups).
Cette organisation hiérarchique permet aux membres du groupe de vivre ensemble avec le moins de conflits possible. En effet, un conflit peut être à l’origine de blessures qui peuvent mettre en danger la santé des animaux. Les dominants encore appelés leaders garantissent la paix dans le groupe (donc la préservation de chacun) en faisant respecter les règles hiérarchiques.
Deux chiens de même sexe ne peuvent occuper une place équivalente dans la hiérarchie. L’un sera plus dominant que l’autre. Si ce n’est pas le cas, il y a conflit dont l’issue permettra de savoir qui est le plus dominant des deux (agression hiérarchique).
Les agressions de dominance
Nombre de chiens agressifs par dominance ont été élevés dans des foyers équilibrés et ont été socialisés correctement dans leur enfance, mais ils sont devenus dominants sans doute parce qu'ils ont été autorisés à bousculer d'autres chiots lorsqu'ils étaient petits ou parce qu'ils ont grandi auprès d'un chien adulte qui lui permettait de chahuter avec lui sans leur opposer de limites.
Les agressions de dominance sont déclenchées par toute remise en question du rang hiérarchique d’un dominant par un dominé, ou lorsqu’il y a compétition entre deux sujets de même rang pour obtenir la prééminence. Elle se déroule toujours en 3 phases typiques : la menace (intimidation) puis l’attaque et enfin l’apaisement.
La menace ou l'intimidation suffit généralement à résoudre le problème : le chien hérisse ses poils dorsaux, rabat ses oreilles, découvre ses crocs et présente une dilatation pupillaire, les « yeux verts » décrits alors par les propriétaires. La modification de couleur étant due à la possibilité d’apercevoir le tapis rétinien sous certains angles. Sa démarche est raide, il avance vers son adversaire en projetant sa tête vers l’avant, tout en élargissant les épaules. Tous ces signaux vont être plus ou moins marqué selon que le chien se perçoit ou non comme hiérarchiquement supérieur à son adversaire. Plus son attitude sera menaçante, plus il se montrera dominant et plus il a de chance d’obtenir la soumission de son adversaire sans combattre. Dans ce cas, le dominant finit par arriver au contact du dominé qui grogne tout en baissant l’encolure et en détournant le regard, le dominant pose alors un de ses antérieurs sur l’encolure du dominé ou le chevauche.
Lorsque ce bluff ne suffit pas, le dominant déclenche l’attaque. Le but du jeu sera alors de saisir l’encolure de l’adversaire et de le contraindre à adopter la posture de soumission, couché sur le dos de manière à présenter le ventre à son adversaire. Cette posture inhibe immédiatement l’agressivité du vainqueur qui vient flairer la région ano-génitale du vaincu. Ce dernier va grogner et retrousser les babines durant tout le temps que son vainqueur passera à le flairer. Lorsque celui-ci cesse, le dominé se relève, oreilles et têtes baissées, queue ramenée sous le ventre. Le dominant, au contraire a les oreilles et la queue dressée, toute la fourrure est hérissée, l’encolure est en extension. Il pose un de ses antérieurs sur l’encolure du dominé, tandis que celui-ci lui mordille les babines ou l’encolure : c’est l’apaisement.
L'agressivité de dominance peut être compétitive, territoriale, de distancement ou bien hiérarchique selon les cas.